Lhomme que j’ai frĂ©quentĂ© par la suite m’a aussi Ă©normĂ©ment fait culpabiliser au sujet de mon IVG. Il me disait qu’il le vivait mal. 7 ans aprĂšs, je suis mariĂ©e Ă  un homme fabuleux Ă  qui j’ai pu parler de tout ça. Il m’a aidĂ©e Ă  bien vivre le fait que j’aie pu bien vivre cette IVG. Faire un enfant aprĂšs une IVG 1- VĂ©rifier le rĂ©flexe de nausĂ©e et vomissement ainsi que le rĂ©flexe de la toux. 2 - Placer le RĂ©sident en position assise au fauteuil ou au lit avant le dĂ©but du repas. 3 - Placer un appareil Ă  aspiration au chevet du malade. 4 - Faire les Cest un travail trĂšs difficile, avec des horaires contraignants, c’est trĂšs sous payĂ©, et comme le dit Gerard Delepine, il n’y a pas de possibilitĂ© d’évolution. Quora User. Bac scientifique, Master rh de Lille, France (DiplĂŽme obtenu en 1992) L'auteur a 317 rĂ©ponses et 652,7 k vues de rĂ©ponse 3 ans. Si votre question concerne Dansle secteur public, la reconversion professionnelle passe par le CFP, le congĂ© de formation professionnelle . Dans la fonction publique hospitaliĂšre, le CFP s'adresse aux aides-soignantes ayant au moins 3 ans d'anciennetĂ©. Le congĂ© peut se dĂ©rouler en une ou plusieurs fois et l'aide-soignante doit avertir son employeur au moins 2 mois VIDÉO MĂ©lissa est une hĂ©roĂŻne du quotidien. À 20 ans, la jeune aide-soignante travaille en Ă©tablissement pour personnes ĂągĂ©es dĂ©pendantes - L'Etudiant Vay Tiền Nhanh Chỉ Cáș§n Cmnd Nợ Xáș„u. Vous ĂȘtes ici Accueil > ActualitĂ© > Le rĂŽle de l’AES face Ă  la dĂ©pendance et Ă  l’isolementL’AES est, comme son nom l’indique, un accompagnant Ă©ducatif et social. Ici, ce qui nous intĂ©resse est le terme social » l’AES est, dans l’institution, le crĂ©ateur premier du lien social avec le rĂ©sident, avec la personne dĂ©pendante. Qu’il soit handicapĂ© sensoriellement, physiquement, mentalement ou vieillissant, le rĂ©sident dĂ©pendant est dans une position d’appel Ă  l’aide, et souvent d’ situation suscite des Ă©motions, des sentiments nĂ©gatifs de dĂ©pression et d’abandon. Il est donc nĂ©cessaire qu’un professionnel bienveillant puisse intervenir dans les meilleures conditions humaines et facilitantes, afin de permettre au rĂ©sident de rĂ©cupĂ©rer un certain confort physique et psychique. Bienveillant, autrement dit faisant preuve d’empathie, pouvant se mettre Ă  la place de la par exemple, Ă  un rĂ©sident vieillissant en fauteuil isolĂ© dans sa chambre, qui a perdu sa motricitĂ©, et dont la volontĂ© psychique de continuer Ă  vivre se rĂ©duit. Il souffre d’angoisses d’abandon, de fatigue et d’épuisement psychologique. C’est une situation que l’on rencontre souvent en structure pour les personnes vieillissantes la mort se rapproche, et les professionnels doivent apprendre Ă  aider Ă  gĂ©rer les angoisses associĂ©es Ă  cet Ă©tat. L’AES doit savoir prendre en compte cette rĂ©alitĂ© et s’en saisir il n’est pas un simple exĂ©cutant et doit donc faire preuve d’écoute, d’empathie et de bienveillance, en ayant la capacitĂ© et la volontĂ© de se substituer Ă  la rĂ©alitĂ© de l’isolement du rĂ©sident un cas clinique pour illustrer ces idĂ©es Mme M., ĂągĂ©e de 85 ans, a une dĂ©mence assez avancĂ©e, ne voit plus trĂšs bien. Elle est en fauteuil roulant. AprĂšs chaque repas, elle attend qu’on vienne s’occuper d’elle pour la remonter Ă  l’étage. Ariane, AES, arrive pour la voir et lui demande avec tact et attention Comment allez-vous Mme M. ? Voulez-vous que je vous aide Ă  monter Ă  l’étage ? » J’ai peur, je me sens fatiguĂ©e. Pouvez-vous m’aider ? » RĂ©pond Mme A. avec fĂ©brilitĂ©Tout en lui mettant la main sur l’épaule, l’AES dit Bien sĂ»r Mme M. Ne vous inquiĂ©tez pas je suis lĂ  pour vous aider. Rassurez-vous. » Une fois montĂ©e, L’AES propose Ă  la rĂ©sidente DĂ©sirez-vous que je reste un peu avec vous pour discuter ? » Oui avec plaisir. Vous savez que j’étais banquiĂšre mon mari travaillait avec moi
 » Dans ce cas prĂ©sent, nous pouvons noter l’importance des qualitĂ©s de l’AES mentionnĂ©es ci-dessus, Ă  savoir tact, prĂ©sence, bienveillance, Ă©coute et effet, ici, il est important pour l’AES de repĂ©rer l’isolement ainsi que la difficultĂ© physique et psychique de la rĂ©sidente qui exprime sa peur et sa fatigue. Quand on accompagne une personne, ce sont des moments importants, que l’AES doit saisir pour rassurer la rĂ©sidente et lui montrer que cette derniĂšre peut avoir confiance en elle. En effet, dans le dialogue ci-dessus, on remarque que l’AES a des mots, mais aussi des gestes rassurants. Ce sont ces moments qui pourront Ă©ventuellement rompre partiellement la sensation d’isolement du professionnel et questionnement de l’AESL’AES doit donc pouvoir s’interroger sur sa pratique quotidienne en se posant aussi rĂ©guliĂšrement les questions suivantes Suis-je un bon praticien ? Est-ce que je suis capable de me remettre en question sur ma pratique ? Suis-je assez bienveillant face aux rĂ©sidents sachant qu’ils ont besoin de moi et de mes collĂšgues ? Suis-je assez prĂ©sent auprĂšs d’eux pour apporter des compensations Ă  leur handicap et Ă  leur dĂ©pendance ? Est-ce que je suis suffisamment capable d’avoir de l’empathie en me mettant Ă  leur place et en imaginant un tant soit peu ce qu’ils peuvent ressentir en Ă©tant isolĂ© la majeure partie du temps ? Est-ce que je pense mĂȘme Ă  me poser cette question ? Enfin, est ce que je prends assez de temps pour leur proposer des activitĂ©s qui les sortira de l’isolement ?En effet, l’AES est aussi celui qui va proposer des activitĂ©s au rĂ©sident afin de le sortir le plus possible de l’isolement et des idĂ©es dĂ©pressives associĂ©es. Il pourra ainsi s’associer Ă  l’animateur, au psychologue ou encore au kinĂ©sithĂ©rapeute en proposant des activitĂ©s de stimulation cognitive telles que les ateliers mĂ©moire ou les jeux de mots. Il pourra aussi proposer des activitĂ©s de stimulation motrice telle que le jardinage ou une promenade au de la stimulation cognitive ou motrice, le vĂ©ritable apport d’une activitĂ© est la mise en lumiĂšre du rĂ©sident par l’AES Ă  savoir que le professionnel doit avant tout apporter de la confiance et de la joie – notion dont on ne parle pratiquement jamais, mais qui pourtant est quelque chose d’important pour un rĂ©sident isolĂ© ou est d’apporter un confort au rĂ©sident tout en lui signifiant qu’il est encore dans la capacitĂ© de faire certaines choses grĂące aux activitĂ©s et non de le laisser de cĂŽtĂ©, ou de faire Ă  sa place par facilitĂ©. Citons par exemple le cas d’une rĂ©sidente, Mme B., ayant la maladie d’Alzheimer. Cette derniĂšre souffre d’angoisses liĂ©es Ă  sa perte de mĂ©moire, et se dĂ©valorise rĂ©guliĂšrement en exprimant sa frustration de ne pouvoir se souvenir des mots et d’une partie de son passĂ©. Je suis bonne Ă  rien
 je veux rentrer chez moi
 » Mme B. je vous propose de participer Ă  un atelier mĂ©moire. Vous allez passer un bon moment. », propose Ariane, il est Ă  noter l’importance de rebondir sur la souffrance de Mme B. L’AES doit encore une fois se saisir du ressenti exprimĂ© en proposant une activitĂ© et en valorisant par la suite ses acquis lors de l’activitĂ© Je me souviens dans le temps j’étais architecte je m’occupais des plans du Louvre
 », exprime Mme B. lors d’un atelier Vous voyez Mme B. vous avez des souvenirs de votre passĂ©. C’est un trĂšs beau mĂ©tier Architecte. Pouvez-vous nous en dire plus ? » Ainsi, dans l’abandon et la non stimulation des capacitĂ©s encore prĂ©sentes, le rĂ©sident se renferme, il cogite en se rappelant qu’il est incapable de faire seul, se sent dĂ©laissĂ©, et les idĂ©es dĂ©pressives et mortifĂšres dĂ©jĂ  prĂ©sentes s’amplifient. L’AES doit donc ĂȘtre un garant de l’autonomie en Ă©tant le plus souvent bienveillant mais surtout prĂ©sent et stimulant auprĂšs du rĂ©sident. Autrement dit, il doit prĂ©server au maximum l’autonomie de la personne relationnel et autonomieCette bienveillance se retrouve aussi dans un acte quotidien et essentiel de la vie du rĂ©sident la toilette. L’AES est non seulement un garant de la bientraitance lors de cet acte, mais c’est aussi un moment oĂč le rĂ©sident dĂ©voile son intimitĂ© et rappelle encore son incapacitĂ© Ă  faire soignant devra donc encore une fois faire preuve de bienveillance mais aussi de tact et de respect dans son accompagnement, afin que le rĂ©sident puisse passer un moment agrĂ©able et confortable. Il n’est bien-sĂ»r pas possible de rendre autonome lors de sa toilette ou d’un transfert un rĂ©sident dĂ©pendant, mais il est dans la capacitĂ© du professionnel d’offrir des instants de confort bienveillant. Ceci relĂšve mĂȘme de sa responsabilitĂ© et de sa dĂ©ontologie. Ne pouvoir se substituer Ă  la dĂ©pendance ne veut pas dire se dĂ©rober Ă  sa responsabilitĂ© de prĂ©server l’autonomie restante et d’accompagner de maniĂšre bienveillante la qu’un rĂ©sident est contraint de vivre plusieurs moments d’isolement puisqu’un soignant ne peut pas ĂȘtre toujours prĂ©sent. Le soignant n’est pas non plus tout puissant et ne peut donc faire disparaĂźtre le mal-ĂȘtre du rĂ©sident. Il n’en reste pas moins vrai qu’en cultivant des qualitĂ©s d’empathie et d’écoute, un AES devient un vrai professionnel de la santĂ©. Le rĂ©sident vit ainsi de rĂ©els moments d’accompagnement, oĂč la rĂ©alitĂ© de l’isolement et de la dĂ©pendance s’effacent quelques instants dans la qualitĂ©s de l’AES et la formation DEAESEn conclusion, nous pourrions donc dire que le rĂŽle de l’AES face Ă  la dĂ©pendance et Ă  l’isolement du rĂ©sident est le suivant Avoir de l’empathie et de la bienveillance ;Prendre en compte la rĂ©alitĂ© physique et psychique du rĂ©sident ;Être prĂ©sent le plus souvent possible en sachant Ă©couter le rĂ©sident ;Proposer des activitĂ©s de stimulation le plus souvent possible ;Mettre en lumiĂšre les capacitĂ©s du rĂ©sident ;Apporter du bien-ĂȘtre, de la confiance en soi et de la joie au rĂ©sident ;AttĂ©nuer le plus possible les angoisses d’abandon et la dĂ©pression grĂące Ă  la bienveillance ; Ces qualitĂ©s, si importantes soient-elles, ne s’acquiĂšrent pas comme par enchantement. Faire une formation DEAES est une chose, et avoir ces qualitĂ©s humaines au dĂ©part est important, mais elles seront surtout mises Ă  l’épreuve de la rĂ©alitĂ© du terrain en stage pratique. C’est pourquoi les pĂ©riodes de stage sont si importantes dans ce type de formation, confrontant le stagiaire a ses propres limites et Ă  la rĂ©alitĂ© du terrain. Surtout sur des pĂ©riodes de stage pratique de deux avez apprĂ©ciĂ©e ? Faites-le savoir en partageant ! “Quand il n’est plus possible de parler, ni de comprendre, quand on ne veut plus subir, alors naĂźt la violence, pour affirmer que l’on existe.” Alain Peyrefitte. Rapport sur la violence, Le Monde 03/08/77 Des aidants et des soignants victimes de violences. Le paradoxe de l’humain. Et les conditionnements ? Le problĂšme de la violence. La violence dans le contexte particulier de l’hĂŽpital. Conflit ou violence ? Les attitudes gĂ©nĂ©rĂ©es par la peur du conflit. L’aidant victime de sa propre violence. Les risques pour l’aidant. Alors que faire ? Observer Ă  quoi nous obĂ©issons. ReconnaĂźtre son insĂ©curitĂ© et sa peur. Devenir plus lucide et conscient de soi. Avoir une vue d’ensemble. Se relier Ă  l’aidĂ©. DĂ©jouer le risque pour la relation d’aide. Trouver la rĂ©ponse appropriĂ©e. RĂ©habiliter le comportement de l’aidĂ©. DES AIDANTS* VICTIMES DE VIOLENCES *A dessein, j’emploierai le terme gĂ©nĂ©ral “d’aidant” pour dĂ©signer toute personne en relation d’aide soignants au sens large du terme, assistantes-sociales, dĂ©lĂ©guĂ©s Ă  la tutelle, Ă©ducateurs, pĂ©dagogues, mais aussi aidants dits “naturels”. De mĂȘme, j’emploierai le terme “aidĂ©â€ pour dĂ©signer toute personne en Ă©tat de bĂ©nĂ©ficier d’une relation aidante malades, mais aussi personnes assistĂ©es socialement, personnes ĂągĂ©es, handicapĂ©es, ou mĂȘme en simple situation d’apprentissage. Le paradoxe de l’humain. L’ĂȘtre humain est paradoxal car, bien que le rapport de force l’habite, il ressent aussi la nĂ©cessitĂ© de trouver un autre mode de relation Ă  autrui. Au cƓur de cette bivalence, entre l’ange et la bĂȘte, il tente ainsi – sans toujours y parvenir – de trouver ce que l’on a appelĂ© son humanitĂ©. C’est pour cela qu’on a pu dire que l’homme ne naĂźt pas vraiment humain mais qu’il peut le devenir, que c’est en quelque sorte son dĂ©fi parce qu’il est un ĂȘtre capable de progrĂšs. Le formidable dĂ©fi lancĂ© Ă  l’humain Ă  chaque fois qu’il est en relation est de savoir s’il va se laisser aller Ă  dominer l’autre par la force ou s’il va ĂȘtre capable de le respecter sur la base de sa diffĂ©rence. C’est toujours dans la relation qu’il pourra dĂ©couvrir – pour le meilleur comme pour le pire – oĂč il en est de son Ă©volution, au cƓur de sa condition humaine paradoxale. Le propre de l’humain est sa capacitĂ© Ă  la libertĂ©. L’animal, sauvage et non conditionnĂ©, ne se pose pas de questions. Il perçoit le rapport de force et rĂ©pond Ă  la nĂ©cessitĂ© de son instinct il attaque, se soumet ou fuit. L’homme peut, lui aussi, rĂ©pondre Ă  la nĂ©cessitĂ© de son instinct mais il a, lui, la libertĂ© que lui donne son sentiment d’ĂȘtre. L’homme sent qu’il sent et cela lui donne la libertĂ© d’agir conformĂ©ment ou non Ă  ce ressenti. Seul l’humain peut dĂ©cider de ne pas rĂ©pondre Ă  une agression dont il est la victime. Il n’est pas contraint par la nĂ©cessitĂ© de ce qu’il ressent parce qu’il sait qu’il le ressent. C’est ainsi que Socrate a pu ne pas se sentir contraint par ses juges et que Nelson Mandela a pu se sentir libre en prison. C’est sur la base de notre sentiment d’ĂȘtre que nous pouvons devenir conscients, c’est-Ă -dire capables d’observer avec une perception claire, de ce qui se passe en nous et autour de nous, pour – sur la base de cette observation – dĂ©cider de nos comportements. La maniĂšre dont chacun de nous perçoit l’expĂ©rience qu’il a de lui-mĂȘme est d’autant plus dĂ©terminante que les forces qui l’en distraient en le poussant Ă  l’inconscience sont trĂšs puissantes. Et les conditionnements alors ? S’il est vrai que nous sommes le produit de nos conditionnements le produit de notre hĂ©rĂ©ditĂ© et le produit de notre Ă©ducation, il ne serait pas juste de dire que nous y sommes rĂ©ductibles. Chacun de nous peut se poser la question de savoir ce qu’il fait de cette hĂ©rĂ©ditĂ©, de cette Ă©ducation. Prendre le contrĂŽle de sa vie ne nĂ©cessite l’autorisation de quiconque et personne n’a besoin pour cela mĂȘme si elles peuvent aider de conditions sociales ou Ă©conomiques favorables. Nous sommes humains et notre dĂ©fi est de ne pas nous laisser assujettir par nos conditionnements. MĂȘme si une statistique nous dit qu’un tiers des adultes qui ont Ă©tĂ© victimes d’abus durant leur enfance commettent ensuite Ă  leur tour des abus contre leurs propres enfants1, les psychologues nous disent aussi que la rĂ©silience est possible, ils la dĂ©finissent comme “la capacitĂ© Ă  rĂ©ussir, Ă  vivre et Ă  se dĂ©velopper positivement, de maniĂšre socialement acceptable, en dĂ©pit du stress ou d’une adversitĂ© qui comporte normalement le risque grave d’une issue nĂ©gative. 2” L’ĂȘtre humain n’est donc pas condamnĂ© Ă  reproduire indĂ©finiment les mĂȘmes comportements appris. Tout homme est potentiellement capable de se remettre en cause, sur la base de son sentiment d’ĂȘtre, de sa conscience d’ĂȘtre. Le problĂšme de la violence. C’est avec cet Ă©tat d’esprit que je me propose d’aborder les problĂšmes d’agressivitĂ© et de violence dans la relation d’aide. Ainsi la question est-elle moins de se demander pourquoi un aidĂ© agressif aurait envie de ne plus l’ĂȘtre que de rĂ©flĂ©chir Ă  ce qui contraint cet aidĂ© Ă  le devenir. Personne n’est agressif ou violent par nature, mais il arrive Ă  tout le monde d’obĂ©ir Ă  ses pulsions d’agressivitĂ© ou de violence. Chaque annĂ©e, plus de 2 millions de personnes dans le monde, meurent des suites de blessures dues Ă  la violence. Un nombre bien plus important de personnes survivent Ă  leurs blessures mais restent handicapĂ©es Ă  vie3. Au moins une femme sur cinq Ă  travers le monde a Ă©tĂ© physiquement ou sexuellement agressĂ©e par un ou plusieurs hommes Ă  un moment ou un autre de sa vie. Un grand nombre de ces femmes, y compris des femmes enceintes et des jeunes filles, sont victimes d’agressions graves, soutenues et En France, avec plus de 160 000 tentatives et 12 000 dĂ©cĂšs par an, le suicide qui est une violence exercĂ©e contre soi-mĂȘme est plus meurtrier que les accidents de la route, il est la deuxiĂšme cause de dĂ©cĂšs des adolescents, tandis qu’un quart des dĂ©cĂšs par suicide concerne les plus de 65 ans5. Dans le monde, 53 pays Ă©taient toujours en guerre en 2003. Parce qu’il est devenu banal de dire que, dans notre sociĂ©tĂ© moderne, la violence est partout, les phĂ©nomĂšnes de violence seront sans nul doute une prĂ©occupation majeure des ĂȘtres humains du dĂ©but du XXIĂšme siĂšcle. La violence dans le contexte particulier de l’hĂŽpital. Et l’hĂŽpital, comme tous les services publics, n’est bien sĂ»r pas Ă©pargnĂ© par la violence. Il faut savoir, par exemple, que les soignantes sont trois fois plus susceptibles que les autres professionnelles de santĂ© d’ĂȘtre victimes de violence sur leur lieu de Au Royaume-Uni, 97% des infirmiĂšres ayant rĂ©pondu Ă  une enquĂȘte, disaient connaĂźtre une infirmiĂšre qui avait Ă©tĂ© physiquement agressĂ©e au cours de l’annĂ©e Il est vrai qu’elles subissent un double handicap en tant que femmes et en tant que soignantes. Cette forme particuliĂšre de violence qu’est le harcĂšlement sexuel qui, l’expĂ©rience le montre, tend Ă  s’aggraver au fil du temps, frappe le personnel hospitalier Ă  un niveau alarmant 69% du personnel interrogĂ© au Royaume-Uni, 48% en Irlande, 76% aux USA. Des Ă©tudes rĂ©centes font observer que, depuis quelque temps, les chambres des patients “communs” ont remplacĂ© les unitĂ©s psychiatriques au palmarĂšs des zones oĂč se produisent le plus d’agression. C’est dans ce contexte que le ministĂšre de la SantĂ© a Ă©ditĂ© la “circulaire du 15 dĂ©cembre 2000” portant sur le thĂšme de la prĂ©vention et de l’accompagnement des situations de violence dans les Ă©tablissements de santĂ© et que la formation du personnel travaillant dans ces Ă©tablissements est devenue aujourd’hui doublement prioritaire, afin de protĂ©ger les soignants et de faire en sorte qu’ils n’aient pas eux-mĂȘmes un comportement violent ou gĂ©nĂ©rateur de violences. Il s’agit autant – dans ces formations sur l’agressivitĂ© et la violence – de permettre aux aidants de soulager leurs angoisses en les exprimant et en leur donnant du sens, que de leur apprendre Ă  ne plus devoir en ĂȘtre les victimes, donc de les aider Ă  ĂȘtre plus humains pour devenir vraiment aidants. Conflit ou violence ? Quand l’homo sapiens est devenu sapiens, il a davantage utilisĂ© son intellect pour sophistiquer ses façons de tuer que pour s’humaniser. Victime de ses peurs, il s’est convaincu que parce qu’il voulait la paix, il n’avait pas d’autre choix que de prĂ©parer la guerre. Si vis pacem para bellum8. Comble de l’illusion, il a mĂȘme envisagĂ© que la crainte pouvait ĂȘtre le commencement de la sagesse, en confondant obligation et assentiment et s’est employĂ© Ă  transformer un Dieu d’amour en un Dieu vengeur. C’est ainsi que, confondant conflit et violence, les hommes se sont habituĂ©s Ă  considĂ©rer la violence comme inĂ©luctable. Incapables de voir plus loin que le bout de leur peur, ils en sont arrivĂ©s Ă  estimer que la plus sĂ»re maniĂšre de rĂ©soudre un conflit avec l’autre Ă©tait d’anĂ©antir cet autre. Inconscients du fait que tenter d’anĂ©antir l’autre est le plus sur moyen pour que – se sentant humiliĂ© – lui ou ses descendants n’aient de cesse de se venger. C’est le cercle vicieux de la violence
 qui se retourne contre celui qui avait tellement peur d’en ĂȘtre la victime
 qu’il l’a attirĂ©e ! Parfois, quand le sang a trop coulĂ©, marquant des gĂ©nĂ©rations entiĂšres, certains rompent la malĂ©diction et stoppent la spirale de la violence en ne rĂ©pondant pas. Mais cela ne dure jamais longtemps parce que les croyances, ancrĂ©es dans les peurs, ont la peau dure, comme celle qui prĂ©tend qu’on peut sortir vainqueur d’un combat. Alors la violence se dĂ©chaĂźne Ă  nouveau et bien vite “ƒil pour Ɠil, dent pour dent9” peut devenir “Pour un Ɠil les deux yeux, pour une dent toute la gueule10.” C’est ainsi que, quand les peurs sont installĂ©es, les hommes n’ont pas d’autre choix que de fourbir leurs armes, Ă  moins qu’adoptant la politique de l’autruche, ils ne nient la rĂ©alitĂ© du conflit en prĂ©tendant qu’il est prĂ©fĂ©rable de ne pas y prĂȘter attention. En fait, le conflit est naturel en ce sens qu’il est inhĂ©rent Ă  notre nature; c’est parce que les intĂ©rĂȘts entre les ĂȘtres humains divergent qu’ils ont Ă  gĂ©rer leurs contradictions. La loi de la diffĂ©rence est Ă  l’Ɠuvre partout, ne pas l’accepter, c’est entrer dans le conflit “pĂšre de toute chose11.” Les hommes ne sentent pas que parce que nous voulons la paix, et que le conflit peut enfanter la guerre, il est toujours Ă  prendre en considĂ©ration, jamais Ă  nĂ©gliger et qu’oser en prendre conscience, c’est devenir capable de le rĂ©soudre. A l’inverse, le nier c’est risquer d’en devenir l’esclave bourreau ou victime en entrant dans le jeu de la violence. Les hommes ne voient pas que devenir peu Ă  peu responsable Ă©tymologiquement “avoir la rĂ©ponse”, c’est oser se situer face au conflit. Oui, le conflit est lĂ , je peux ne pas en avoir peur car il n’est pas la violence, ou plutĂŽt je peux faire en sorte qu’il ne devienne pas violence. Comment vais-je m’y prendre pour le rĂ©soudre dans le sens de ce qui est important pour la relation moi/l’autre ? Je sais que je ne suis pas seul et que j’ai Ă  me situer par rapport Ă  la diffĂ©rence de l’autre. De quel cĂŽtĂ© vais-je me situer ? Du cĂŽtĂ© de celui qui attise le conflit ou du cĂŽtĂ© de celui qui le pacifie ? Le plus souvent, nous avons tellement peur du conflit que nous prĂ©fĂ©rons le nier, ne pas le voir. Nous entendons souvent des personnes dire “Moi je n’aime pas les conflits !” Comme si en n’aimant pas ce que la vie inĂ©luctablement nous propose, elle allait ne plus nous le proposer ! Le pire c’est que ces paroles paraissent Ă  certains plutĂŽt pacificatrices alors qu’elles sont le lit sur lequel insidieusement la violence va pouvoir se propager. Je me mets la tĂȘte dans le sable et je prĂ©tends que tout est en Ă©quilibre alors que par nature, tout le temps, le dĂ©sĂ©quilibre guette Ă  travers l’impermanence des choses et des ĂȘtres et que la paix d’hier est chaque jour remise en cause. Le conflit est lĂ , prĂ©sent devant moi, prĂȘt Ă  se mĂ©tamorphoser en violence, Ă  moins que
 je ne le considĂšre avec sĂ©rieux et que, sur la base de l’expression de la vie qui enfante et devient sans cesse, je dĂ©cide de m’y ouvrir pour le gĂ©rer harmonieusement. Avec sagesse et humour, un proverbe zoulou nous fait remarquer la vanitĂ© de la fuite “Si tu avances, on te lancera des sagaies; si tu recules, on te lancera des sagaies. Alors Ă  quoi bon reculer.” Face Ă  la rĂ©alitĂ© de “ce qui est”, face au conflit crĂ©ateur, nous n’avons pas le choix, tout juste la possibilitĂ© de sentir que la vie est lĂ  qui nous attend Ă  chaque seconde, que vivre c’est devenir, avancer, et que cela est possible, malgrĂ© tout, le cƓur en paix. Oser reconnaĂźtre le conflit dans la relation d’aide. Le principal obstacle que rencontrent les personnes qui travaillent dans une relation d’aide, c’est leur angĂ©lisme, qui leur fait penser que puisqu’elles sont aidantes, toute situation conflictuelle n’a pas lieu d’ĂȘtre dans une relation comme la leur. En fait, elles ont Ă  dĂ©couvrir que c’est l’inverse et que parce que la relation d’aide est un espace de souffrance, elle est par lĂ -mĂȘme un espace de conflit ! “Ni bonnes, ni nonnes, ni connes !” scandaient les infirmiĂšres dans les manifestations de ces derniĂšres annĂ©es, en sentant bien l’importance qu’il y a Ă  dĂ©mystifier leur rĂŽle dans la relation d’aide. Garder l’équilibre pour un aidant, c’est arrĂȘter de s’inventer des rĂȘves dans lesquels son sentiment de gratitude ferait Ă©cho au sentiment de reconnaissance des aidĂ©s, quels qu’ils soient. Non pas que cela ne soit pas possible, mais admettons simplement que cela est rare. Il y a lĂ  un deuil Ă  faire les lieux de souffrance sont des lieux d’émotion, plus particuliĂšrement des lieux d’expression des sentiments d’injustice et de colĂšre, donc des lieux propices aux conflits. N’en dĂ©plaisent aux aidants qui en souffrent, conditionnĂ©s qu’ils sont par leur idĂ©alisme qui les empĂȘche de voir la rĂ©alitĂ©. Quand l’aidĂ© vit un bouillonnement intĂ©rieur trop fort, il peut lui arriver d’exploser, de dĂ©compenser, d’ĂȘtre agressif et violent et si l’aidant ne le sait pas j’allais dire s’il ne s’y attend pas, il en fera durement les frais. Mais, direz-vous, comme je l’entends souvent dans les formations que j’anime sur le thĂšme de la violence et de l’agressivitĂ© il faut que les aidĂ©s comprennent qu’ils doivent respecter les aidants ! C’est vrai qu’il faut que les aidĂ©s le comprennent, mais ce n’est pas parce que nous le souhaitons qu’ils le feront, c’est-Ă -dire qu’ils en seront capables. Dans la relation d’aide, mĂȘme si ce n’est pas parce qu’ils sont aidĂ©s que les aidĂ©s ont des droits particuliers, n’est-ce pas parce qu’ils sont aidants, Ă  cause de la nature mĂȘme de leur rĂŽle, que les aidants s’exposent Ă  recevoir les rĂ©actions Ă©motionnelles de ceux qui souffrent ? J’ai le sentiment que bien peu d’ĂȘtres humains – et malheureusement d’aidants – sont conscients de la rĂ©alitĂ© des faits la plupart du temps, les gens tendus peuvent devenir dangereux, pour eux ou leur entourage. Les aidants n’ont pas l’habitude d’envisager les aidĂ©s sous l’angle de leur dangerositĂ©, habituĂ©s qu’ils sont Ă  les considĂ©rer sous l’angle de la pitiĂ©. Et pourtant les gens qui souffrent sont susceptibles d’ĂȘtre plus dangereux que ceux qui ne souffrent pas, parce que leur souffrance engendre des tensions, tout aidant se retrouve donc, par la nature mĂȘme de la relation qu’il tente d’établir, plus enclin que dans les relations ordinaires Ă  devoir gĂ©rer l’agressivitĂ© et la violence puisqu’il a Ă  faire Ă  des gens qui souffrent. D’autant plus que, de nos jours, les gens sont beaucoup moins impressionnĂ©s par les dĂ©tenteurs du pouvoir soignants, assistantes sociales, Ă©ducateurs, enseignants, par exemple. Par exemple, certaines personnes contraintes d’attendre aux Urgences sont incapables d’admettre qu’une personne dont le cas est jugĂ© plus grave que le leur puisse leur passer devant ! Et les soignants ont Ă  gĂ©rer ces intolĂ©rances avant de pouvoir remplir leur rĂŽle de soignant. C’est vrai que le fait d’ĂȘtre malade ou assistĂ©, d’ĂȘtre handicapĂ©, ĂągĂ©, ou mĂȘme de souffrir ne donne aucun droit humain particulier et certainement pas celui de tyranniser les aidants. Nous ne pouvons pas admettre – par exemple – que sous prĂ©texte qu’un malade se sent abandonnĂ© par sa famille, il s’autorise Ă  ĂȘtre agressif vis Ă  vis de ceux qui le soignent. Cependant, si la souffrance n’excuse en rien l’utilisation de la violence, nous nous devons de constater que, de plus en plus souvent, elle force Ă  l’excĂšs et Ă  la violence. Les exactions dont les aidants sont les tĂ©moins dans le contexte de toutes sortes de relations d’aide, tant du cĂŽtĂ© de l’aidĂ© que de celui de l’aidant en sont la preuve. Les attitudes gĂ©nĂ©rĂ©es par la peur du conflit. Quand l’aidant se propose d’aider, en appliquant les ordres Ă  la lettre et en ayant peur de la rĂ©primande, il risque de se dĂ©shumaniser, c’est-Ă -dire de ne plus ĂȘtre capable de se mettre Ă  l’écoute de ce qu’il sent juste, ce qui est toujours dangereux pour la relation d’aide. C’est la confiance en soi qui doit ĂȘtre le moteur de la relation aidante, pas la peur ! Quand – je viens prĂ©cisĂ©ment d’en rencontrer encore le cas – un directeur de maison de retraite dit d’une façon mĂ©prisante Ă  une infirmiĂšre qu’il se fout qu’elle se fasse rĂ©guliĂšrement frapper Ă  coup de canne par Madame Z. alors qu’elle lui noue les lacets de ses chaussures et qu’il est hors de question pour lui de cĂ©der Ă  sa demande d’ĂȘtre accompagnĂ©e d’une collĂšgue, il prend la responsabilitĂ© de la rĂ©action en retour de cette infirmiĂšre le risque de la maltraitance12. Car plus nous imposerons nos demandes en Ă©ructant nos ordres et en faisant rĂ©gner la “terreur”, plus nous obtiendrons la soumission ou la rĂ©volte, gĂ©nĂ©ratrices de comportements de maltraitance, parce que la violence est la mĂšre de la violence. La seule façon de permettre aux aidants de se sentir Ă  la hauteur et de rĂ©pondre aux situations dĂ©licates, c’est de les soutenir, de les Ă©couter et de ne pas les juger. Plus prĂ©cisĂ©ment de les former et de leur faire sentir qu’on leur fait confiance13. Dans son dernier livre “Le souci de l’autre”, qui s’interroge sur la place de l’humain Ă  l’hĂŽpital en ce dĂ©but du XXIĂšme siĂšcle, Marie de Hennezel, plaide pour la rĂ©ciprocitĂ© du respect entre l’aidant et l’aidĂ©. Elle dĂ©plore la tendance de beaucoup de soignants Ă  tomber, malgrĂ© eux, dans ce qu’elle nomme le “systĂ©matisme”, et en conclut que ce qui manque aux soignants c’est une rĂ©flexion sur le sens et les limites des Le “systĂ©matisme” est ce qui conduit l’aidant Ă  penser que l’aidĂ© ne devrait pas ĂȘtre comme il est, surtout quand ce qu’il est lui pose problĂšme pour remplir le rĂŽle qu’on lui a demandĂ© de jouer. Pour ne pas y cĂ©der, c’est-Ă -dire pour ne pas nier le sens mĂȘme de la relation d’aide Ă  l’autre, l’aidant a un recours, c’est de se dire “Je prends cette dĂ©cision parce que je suis en accord avec moi-mĂȘme.” Être en accord avec soi-mĂȘme, c’est parvenir Ă  ĂȘtre en accord avec ce que l’on veut au plus profond de soi c’est-Ă -dire avec le sens que l’on veut personnellement donner Ă  son rĂŽle. Et c’est la seule maniĂšre d’apprendre Ă  se situer vis Ă  vis des rĂšgles Ă©dictĂ©es par les institutions, comme vis Ă  vis de l’agressivitĂ© ou de la violence des aidĂ©s. RĂ©cemment, en formation, j’ai eu toutes les peines du monde Ă  tenter de faire sentir Ă  une aide-soignante, alors que j’étais aidĂ© en cela par une bonne partie du groupe que plus important que la rĂšgle qui disait que la toilette des personnes ĂągĂ©es devait ĂȘtre faite chaque matin, il y avait ce qu’elle Ă©tait capable de percevoir “en son Ăąme et conscience”, du besoin de ce malade qui n’avait pas l’habitude – par le passĂ© – de se laver chez lui plus d’une fois par semaine. “On voit que ce n’est pas vous qui vous feriez rĂ©primander par la directrice !” me rĂ©pliquait-elle, non sans un certain bon sens. Dans un autre contexte, soumis Ă  leur mauvaise conscience et Ă  leur culpabilitĂ©, en fait Ă  leur absence de maturitĂ©, il n’est pas rare que des familles exercent des pressions souvent insoutenables sur des soignants qui n’y sont pas du tout prĂ©parĂ©s. Un fils, incapable d’accepter la lente et pourtant naturelle dĂ©chĂ©ance de sa mĂšre, se retrouvera prisonnier psychologiquement de son dĂ©sir de la sauver. Il tentera par exemple d’exercer une forte pression sur cette aide-soignante en lui faisant sentir que si sa mĂšre ne mange pas, il l’en tiendra pour responsable. C’est ainsi que contrainte, aux abois, ne sachant plus que faire et se sentant personnellement en danger, l’aide-soignante aura beaucoup de mal, Ă  ne pas exercer, Ă  son tour, une pression nuisible sur sa pensionnaire en la forçant Ă  manger ce qu’elle ne veut pas manger. L’aidant victime de sa propre violence. La violence subie est partout pour l’aidant qui n’a pas appris Ă  ne pas en devenir la victime. Quand elle ne vient pas de l’autre, elle est une pulsion destructrice contre soi-mĂȘme la culpabilisation. Malheureusement beaucoup d’aidants, encore une fois contraints par leur idĂ©al de relation aidante, n’ont pas d’autre choix que de culpabiliser Ă  la moindre difficultĂ© vĂ©cue par l’aidĂ©. De mĂȘme que certains mĂ©decins en arrivent Ă  faire de la mort une affaire personnelle, le risque de beaucoup d’aidants est de penser qu’ils sont responsables de l’échec personnel de celui qu’ils aident ou de la dĂ©gradation de l’état d’un malade. Et donc ils s’en veulent, se critiquent de – soi-disant – n’avoir pas Ă©tĂ© Ă  la hauteur, sans voir qu’ils ne sont en aucune maniĂšre les maĂźtres du destin de l’autre, et qu’ils ne peuvent que tenter de l’inflĂ©chir. En fait, ils confondent leur relation d’aide l’action, avec le rĂ©sultat de leur relation d’aide le fruit de l’action que trop souvent ils considĂšrent comme un dĂ». Sentir comment on a Ă  agir est une chose, penser que cela doit absolument rĂ©ussir en est une autre, or – souvent – les aidants confondent les deux. Cette assistante sociale dĂ©bordĂ©e prend le temps d’écouter un long moment, dans son bureau, ce chĂŽmeur de longue durĂ©e en plein dĂ©sarroi, elle l’écoute parce “qu’en son Ăąme et conscience”, elle sent qu’il en a besoin. Elle apprend, quelques jours plus tard, qu’en sortant de son bureau, il a fait une tentative de suicide. Bien qu’ayant pris soin de l’écouter, il lui faudra beaucoup de luciditĂ© pour ne pas cĂ©der aux dĂ©mons du doute et de la mauvaise conscience. Pour que consciente de ce qu’elle a senti devoir faire et ĂȘtre, elle ne se sente pas responsable de l’acte dĂ©sespĂ©rĂ© de l’aidĂ©. Nous pourrions dire que nous ne sommes responsables que de ce que nous faisons, jamais ce que nous aurions dĂ» faire. C’est cela, agir, au prĂ©sent, “en son Ăąme et conscience.” C’est quand il l’oblige Ă  devoir rĂ©ussir que l’idĂ©al de l’aidant n’est pas son alliĂ© mais son bourreau. Oser se remettre en cause pour un aidant, c’est se donner la possibilitĂ© de faire le deuil de sa toute puissance Ă  soulager, Ă  guĂ©rir, Ă  aider
 pour s’ouvrir Ă  l’humble rĂ©alitĂ© du possible, dans un monde trop souvent mĂ©galomaniaque qui prend ses rĂȘves les plus fous pour la rĂ©alitĂ© et se retrouve victime de l’illusion qu’il a lui-mĂȘme créée. C’est ainsi que – paradoxalement – c’est l’espoir mĂȘme de l’aidant pour l’aidĂ© qui peut dĂ©naturer la relation d’aide. Les risques pour l’aidant. Que serait l’aidant dans la relation d’aide s’il n’était plus contraint par le regard de l’autre ? Un aidant devenu libre d’aider ! Parfois, soumis par la contrainte que lui impose sa relation Ă  son collĂšgue ou Ă  son supĂ©rieur, l’aidant inhibe ses rĂ©actions, divisĂ© intĂ©rieurement entre ce qu’il croit devoir faire et les contraintes qu’exerce sur lui-mĂȘme sa peur de l’autre. Incompris, certains craquent, c’est le “burn-out”, la dĂ©pression, ils s’éliminent eux-mĂȘmes Ă  l’occasion d’un Ă©vĂ©nement qui souvent, bien que peu important en soi, fait l’effet de la goutte d’eau qui fait dĂ©border le vase. Je suis le tĂ©moin de ce refoulement Ă  chaque formation que j’anime ou presque, quand, au dĂ©tour de l’évocation d’une expĂ©rience professionnelle, une ou plusieurs aidantes fondent en larmes, profitant de l’opportunitĂ© d’écoute et de respect qui leur est proposĂ©e pour vider leur trop plein depuis si longtemps emmagasinĂ©. Chacun aura Ă  l’esprit les symptĂŽmes des aidants sujets au “burn-out” arrĂȘts-maladie, absentĂ©isme, dĂ©bordements Ă©motionnels non adaptĂ©s aux situations, incapacitĂ© Ă  restreindre ses efforts comme Ă  reconnaĂźtre ses propres besoins, incapacitĂ© Ă  communiquer ses Ă©motions inhibition, sentiment du “à quoi bon”, etc. Au niveau collectif, on assiste Ă  un absentĂ©isme chronique, Ă  une importante rotation du personnel, Ă  une mauvaise coopĂ©ration entre les personnes, Ă  des phĂ©nomĂšnes de “bouc Ă©missaire”, Ă  une dynamique de groupe nĂ©gative, Ă  des critiques mutuelles et des absences d’initiatives avec des attitudes nĂ©gatives et des rĂ©actions de repli sur soi. Alors que faire ? Maintenant que nous avons fait le tour des principales raisons qui expliquent que les aidants soient confrontĂ©s Ă  la violence, nous allons voir les attitudes qu’ils peuvent mettre en place pour gĂ©rer un aidĂ© agressif ou violent. Comment permettre Ă  l’aidant de sortir du cercle vicieux d’une relation qui peut l’amener Ă  renier le sens mĂȘme de son rĂŽle ? Comment doit-il s’y prendre pour rĂ©ussir Ă  ne pas s’identifier au rĂŽle de victime que son agresseur projette sur lui ? Autrement dit, comment doit-il s’y prendre pour ne pas donner dans le panneau du rapport de force ? Que l’agresseur se prĂ©sente dans le rĂŽle de la personne qu’il veut aider ou dans celui de son responsable, il faudra Ă  l’aidant beaucoup de force et de maĂźtrise de soi pour ne pas cĂ©der Ă  la panique dĂ©clenchĂ©e par l’affrontement. D’abord observer Ă  quoi nous obĂ©issons. L’attitude premiĂšre avec laquelle l’aidant se situera dĂšs le dĂ©but de la relation avec l’aidĂ© sera prĂ©pondĂ©rante la peur du conflit risque de lui en faire devenir trĂšs facilement la victime. Chacun de nous a dĂ©jĂ  fait l’expĂ©rience de la maniĂšre dont il se situe avec sa peur, dans une rue, face Ă  un chien enfermĂ© dans une voiture. Notre peur risque fort d’éveiller chez lui une propension Ă  aboyer rageusement. “Trop souvent, l’agressĂ© timorĂ© communique Ă  son agresseur des messages de soumission et de peur qui peuvent le conforter dans son dessein. L’agressĂ© doit rompre cette rationalitĂ© qui le mĂ©tamorphose, lentement et malgrĂ© lui, en victime. 15.” La difficultĂ© premiĂšre dans la gestion de l’agressivitĂ© ou de la violence de l’aidĂ© est la division de l’aidant d’un cĂŽtĂ© alertĂ© par son sentiment d’insĂ©curitĂ© il sent bien que l’autre lui marche sur le pied, donc il se rebiffe ou se ferme et, de l’autre cĂŽtĂ©, conscient de son rĂŽle, il aimerait mettre tout en Ɠuvre pour s’ouvrir Ă  la demande de l’autre. C’est son Ă©motion personnelle de peur qui est en fait un refus de l’autre tel qu’il est qui est l’obstacle qui empĂȘche l’aidant d’entrer en relation pacifique avec l’aidĂ©. Martin Luther King disait “notre problĂšme n’est pas de nous dĂ©faire de la peur mais de la maĂźtriser.” Or avant de la maĂźtriser et pour pouvoir la maĂźtriser, il faut l’accueillir. MaĂźtriser sa peur, c’est parvenir Ă  gĂ©rer cette contradiction plutĂŽt que de rester Ă©cartelĂ© entre ces deux forces contradictoires je dois aider cette personne et je n’ai qu’une envie, c’est de fuir ou de lui rentrer dedans. La capacitĂ© Ă  l’honnĂȘtetĂ© et Ă  la sincĂ©ritĂ© avec soi-mĂȘme est ici prĂ©pondĂ©rante. L’aidant aura-t-il la luciditĂ© de reconnaĂźtre son malaise et son insĂ©curitĂ© plutĂŽt que de les nier sous prĂ©texte que ces Ă©motions ne sont pas conformes Ă  son rĂŽle ? Voir qu’il a peur donc qu’il ne s’identifie pas Ă  son insĂ©curitĂ© lui donne la possibilitĂ© de la comprendre et de la gĂ©rer, en un mot de faire avec de la maĂźtriser et non pas de la refouler en se racontant l’histoire fausse de sa sĂ©rĂ©nitĂ©. RĂ©capitulons Un aidant qui n’a pas peur de l’aidĂ© peut entrer en relation d’aide, c’est-Ă -dire s’ouvrir Ă  l’aidĂ©. Un aidant qui a peur de l’aidĂ© peut – dĂšs lors que conscient de sa peur, il ne la nie pas mais l’accueille – maĂźtriser sa peur et entrer en relation d’aide, c’est-Ă -dire s’ouvrir Ă  l’aidĂ©. Un aidant qui a peur de l’aidĂ© ne peut pas – inconscient de sa peur et la niant, la refoulant au plus profond de lui – maĂźtriser sa peur et entrer en relation d’aide, c’est-Ă -dire s’ouvrir Ă  l’aidĂ©. La seule maniĂšre de pouvoir gĂ©rer la violence de l’autre commence, pour l’aidant, par oser constater l’effet qu’elle lui fait, car c’est parce qu’il l’aura constatĂ©, et qu’il se sera ouvert Ă  ce qu’il aura constatĂ©, qu’il pourra commencer Ă  envisager sa relation Ă  l’autre. L’observation de soi est donc prĂ©pondĂ©rante parce qu’elle conditionne la possible maĂźtrise de soi. ReconnaĂźtre honnĂȘtement son insĂ©curitĂ© et sa peur. Il faut dĂ©jĂ  un certain entraĂźnement Ă  la connaissance de soi c’est-Ă -dire Ă  la confrontation avec “ce qui est” en soi, pour oser reconnaĂźtre sa peur. Le plus souvent, notre peur se prĂ©sente Ă  nous masquĂ©e parce que depuis notre plus jeune Ăąge, nous avons appris Ă  la nier, notamment pour faire plaisir Ă  nos Ă©ducateurs. Nous Ă©tant dĂ©fendus d’avoir peur, nous sommes arrivĂ©s Ă  croire que nous n’avions pas peur. Comment ? En nous racontant des histoires sur les autres. La meilleure façon que nous ayons trouvĂ©e de ne pas montrer nos Ă©motions Ă©tant de parler de celles des autres, nous avons focalisĂ© notre attention sur celles des autres. Ainsi cet enseignant en arrive-t-il Ă  justifier sa rĂ©ponse agressive Ă  un Ă©lĂšve en prĂ©tendant que celui-ci n’a pas Ă  lui parler avec ces mots-lĂ . LĂ , nous tombons dans le rapport de forces et sa justification
 dupes de nous-mĂȘmes, nous nous “angĂ©lisons”, grĂące Ă  l’alibi de la bonne conscience. Et le tour est jouĂ© ! Remarquez avec quelle aise, dĂšs que nous ne comprenons pas les rĂ©actions de l’autre, nous nous protĂ©geons avec nos jugements, les plus hĂątifs Ă©tant souvent les plus efficaces. “Pourquoi “il” rĂ©agit comme ça ? Laisse, c’est un con !” On connaĂźt l’éternel argument des personnes en Ă©tat de guerre je cesserai de lui taper dessus quand il cessera de me taper dessus. Et la violence se trouve ainsi logiquement justifiĂ©e et cela dure, dure ! La maĂźtrise de soi dans une relation conflictuelle demande donc prĂ©alablement Ă  celui qui la pratique; une luciditĂ© particuliĂšre vis Ă  vis de ses peurs et de ses malaises. En fait, c’est parce que je vois ce qui suscite mon Ă©motion que je suis moins dĂ©pendant d’elle. Si vous souhaitez y voir plus clair dans votre relation conflictuelle avec un aidĂ©, arrĂȘtez-vous quelques instants et rĂ©pondez pour vous-mĂȘme, en toute honnĂȘtetĂ©, Ă  ces questions Dans ma relation d’aide, j’ai les plus grosses difficultĂ©s avec
 Quand les choses ne vont pas bien avec cette personne, j’ai tendance à
 En fait je vis une Ă©motion de
 Dans ce contexte, mon besoin rĂ©el est
 Devenir plus lucide et conscient de soi. Nous avons vu ce qui nous empĂȘche de “voir”, intĂ©ressons-nous maintenant Ă  ce qui favorise notre luciditĂ©. D’abord notre dĂ©termination, notre intention d’y voir clair et de ne plus nous laisser mener par nos schĂ©mas inconscients16. Ensuite des exercices simples Ă  pratiquer pour nous aider Ă  retrouver cette “conscience de soi” que nous perdons dans l’émotion, happĂ©s que nous sommes par le rĂŽle que notre agresseur voudrait nous faire jouer La simple respiration consciente, permet de nous retrouver “chez nous”, de renouveler notre Ă©nergie et de rĂ©-oxygĂ©ner notre cerveau17. La pratique rĂ©guliĂšre du yoga, du taĂŻ-chi ou des arts martiaux contribuera largement Ă  notre capacitĂ© Ă  mettre notre conscience dans le fameux “hara” des japonais18, c’est-Ă -dire le ventre, lieu de la force vitale. Le but Ă©tant de parvenir Ă  une disponibilitĂ© telle vis-Ă -vis de nous-mĂȘme que nous ne nous laisserons pas distraire ou menacer par l’extĂ©rieur. Avoir une vue d’ensemble C’est sur la base d’une conscience Ă©largie que l’aidant pourra s’ouvrir Ă  l’aidĂ© sans risquer d’en faire les frais. LĂ , il pourra observer la totalitĂ© de la relation c’est-Ă -dire ses deux points de vue “Ce que l’autre est pour moi” ce que l’aidĂ© est pour l’aidant le plus souvent un aidĂ© parmi tant d’autres, occupant un petit espace de son temps dans une journĂ©e trĂšs remplie. “Ce que je suis pour l’autre” ce que l’aidant est pour l’aidĂ© le plus souvent une personne qui compte, dont il a besoin et qui occupe un moment trĂšs important dans de son temps Ă  lui. Parce qu’il sait que la relation d’aide demande Ă  ce que sa perception ne soit pas limitĂ©e Ă  son seul point de vue, l’aidant peut devenir capable de l’élargir Ă  une vue d’ensemble. Dans le contexte de la relation Ă  un aidĂ© rĂ©actif et dangereux, l’aidant aura particuliĂšrement besoin de prĂ©sence, de sang-froid et de vue d’ensemble, notamment pour parer au danger qui menace. Se relier Ă  l’aidĂ©. Enfin, cela va ĂȘtre le moment pour l’aidant de se relier Ă  son interlocuteur. De se souvenir que l’agressivitĂ© ou la violence de celui-ci ne sont que le produit de la frustration de ses besoins, c’est-Ă -dire de souffrances depuis trop longtemps refoulĂ©es. On pourrait dire de reconnaĂźtre la personne humaine sous le masque de l’apparence. Comme le dit le poĂšte Rilke “Peut-ĂȘtre tous les dragons de notre vie ne sont-ils que des princesses qui attendent de nous voir agir juste une fois avec beautĂ© et courage. Peut-ĂȘtre tout ce qui est terrible est, dans sa plus profonde essence, quelque chose d’impuissant qui a besoin de notre amour.” Il ne s’agit pas d’ĂȘtre naĂŻf ou de s’illusionner mais d’oser voir la rĂ©alitĂ© humaine telle qu’elle est la violence prĂ©sente est toujours le rĂ©sultat de quelque chose qui n’a pas Ă©tĂ© entendu chez quelqu’un et qui veut se faire entendre. Alain Peyrefitte, alors ministre de la justice du gouvernement du PrĂ©sident Giscard d’Estaing Ă©crivait dans son “Rapport sur la violence” Le Monde du 3 aoĂ»t 1977 “Quand il n’est plus possible de parler, ni de comprendre, quand on ne veut plus subir, alors naĂźt la violence, pour affirmer que l’on existe.” Se souvenir de cela c’est devenir capable de ne pas rĂ©agir Ă  la violence sur le mode “ƒil pour Ɠil, dent pour dent9.” Se souvenir de cela, c’est aussi devenir capable de trouver en soi la rĂ©ponse aidante appropriĂ©e Ă  l’aidĂ© plutĂŽt que d’ĂȘtre hypnotisĂ© par le dragon. DĂ©jouer le risque pour la relation d’aide. La plupart du temps, l’aidant, victime de ses propres dĂ©mons, c’est-Ă -dire de son Ă©motion qui lui fait interprĂ©ter l’émotion de l’aidĂ© d’une façon monstrueuse pour lui aidant, n’a d’autre recours que d’essayer d’endiguer la violence de l’aidĂ© par des raisonnements, des paroles dures ou des interdits. C’est justement parce que la guerre est dĂ©clarĂ©e chez l’autre qu’il convient surtout de ne pas le bĂąillonner ! Vouloir interdire l’expression d’un aidĂ© qui se sent victime d’une injustice par exemple, c’est non seulement s’empĂȘcher de pouvoir l’aider pour longtemps, mais surtout vouloir avec notre corps obstruer un barrage qui cĂšde ! Quelle maladresse ! Les paroles maladroites parler “sur” l’autre avec des reproches, vouloir le convaincre en lui disant comment il devrait ĂȘtre et le raisonner en lui expliquant ce qu’il devrait faire, sont non seulement inappropriĂ©es mais nuisibles pour tout le monde parce qu’elles vont exactement Ă  l’encontre du but recherchĂ©. En fait, plus on dit Ă  une personne agressive ou violente qu’elle ne devrait pas ou n’a aucune raison d’ĂȘtre agressive ou violente, plus on renforce son agressivitĂ© et sa violence. La premiĂšre attitude que nous avons Ă  adopter devant la violence est de la reconnaĂźtre, c’est-Ă -dire de ne pas lui rĂ©sister, car c’est justement sur la base de la non-rĂ©sistance que nous pourrons la calmer, mĂȘme et surtout parce que nous la trouvons dangereuse et injuste. Le sens de la relation d’aide n’est pas de maĂźtriser l’aidĂ©, mais de l’aider Ă  ce qu’il se maĂźtrise; et pour rĂ©ussir cela, l’aidant doit pouvoir compter sur sa propre maĂźtrise. Lorsque quelqu’un est agressif, il est submergĂ© par une Ă©nergie dĂ©vastatrice qui l’envahit et tout ce qui vient “toucher” cette Ă©nergie en dĂ©cuple les forces. Au contraire s’il n’y a pas de rĂ©sistance, les Ă©nergies s’écoulent, la violence ayant toujours besoin de trouver Ă  qui se confronter pour exister. Car voici comment fonctionne l’ĂȘtre humain non contrĂ© dans son agressivitĂ© ”aprĂšs plusieurs essais infructueux pour allumer son briquet, un homme le jette par terre et le piĂ©tine, dans un accĂšs de colĂšre. Et puis, il le ramasse, l’essuie et regarde s’il n’est pas Tout ce que nous avons Ă  faire en tant qu’aidant, quand nous sommes confrontĂ©s Ă  l’agressivitĂ© et Ă  la violence de l’aidĂ©, c’est de ne surtout pas toucher Ă  son endroit sensible, surtout de ne pas y faire la moindre allusion et – si possible – d’attendre tranquillement que ça passe. Pourquoi ? “Parce qu’il est inutile d’accomplir des actions qui sont immĂ©diatement annulĂ©es par la rĂ©action de forces Ă©gales et opposĂ©es20.” Il vaut donc mieux pour l’aidant qu’il sache ne pas mettre de l’huile sur le feu et laisser retomber la pression. Trouver la rĂ©ponse appropriĂ©e
 La conscience rĂ©aliste des forces en prĂ©sence nous invite Ă  simplement tenter d’apaiser ce que nous ne pouvons pas endiguer et le seul moyen que nous ayons pour apaiser un fleuve en crue, c’est de lui donner un lit afin qu’il s’écoule c’est-Ă -dire, en l’occurrence, une oreille attentive, une Ă©coute neutre. Nous pouvons mĂȘme lui faire sentir que nous sommes tout Ă  fait d’accord pour qu’il s’écoule dans le lit que nous avons prĂ©parĂ© pour lui aprĂšs tout, ne sommes-nous pas au cƓur de notre rĂŽle d’aidant ? L’excĂšs Ă©nergĂ©tique pousse celui qui en est la victime Ă  la dĂ©charge. Comment l’aidant va-t-il s’y prendre pour permettre Ă  cette Ă©nergie, neutre en soi mais potentiellement dĂ©vastatrice, de se rĂ©guler ? 
rĂ©habiliter le comportement de l’aidĂ©. L’une des plus grandes intuitions de Freud, au dĂ©but du siĂšcle dernier, a Ă©tĂ© de substituer la non connaissance des causes de certains comportements Ă  l’absence de cause. PlutĂŽt que de dire qu’il n’y a pas de cause au comportement de cet homme et de le qualifier de fou, dire qu’il y a une cause que moi aidant, je peux, par exemple, ne pas cerner encore, et que cet homme est malade. Si cet aidĂ© se conduit comme il se conduit, il a forcĂ©ment une raison juste pour lui, c’est Ă  l’aidant de la dĂ©coder, si possible. La raison peut sembler, Ă  l’aidant, stupide, dangereuse ou inappropriĂ©e, mais elle est toujours valable aux yeux de l’aidĂ©. La comprĂ©hension est libĂ©ratrice pour les deux parties, elle est libĂ©ratrice pour l’aidant qui comprend les raisons pour lesquelles l’aidĂ© a agi comme il a agi et qui par lĂ  mĂȘme se dĂ©tend, elle est Ă©galement libĂ©ratrice pour l’aidĂ© qui se sent compris par l’aidant. Le simple fait de rĂ©habiliter la raison de son agressivitĂ© ou de sa violence aura pour effet de faire tomber la pression causĂ©e par son Ă©motion. Et puis, l’art de l’aidant n’est il pas de comprendre mieux l’aidĂ© que celui-ci ne se comprend lui-mĂȘme ? L’aidant “comprenant”, donc dĂ©tendu, ne peut plus se fĂącher, ce qui lui permet d’aider vraiment celui avec lequel il est dĂ©sormais reliĂ©. La finesse avec laquelle l’aidant procĂ©dera sera bien sĂ»r trĂšs importante. Les personnes Ă  qui je propose en formation de travailler cette attitude, dĂ©couvrent qu’elle n’est pas une technique qui peut ĂȘtre apprise avec la tĂȘte, on ne peut pas jouer Ă  celui qui comprend les raisons de l’agressivitĂ© de l’autre cela s’appellerait du cynisme ou de la manipulation, de la part d’un aidant victime de son insĂ©curitĂ© et la relation d’aide disparaĂźtrait, mais on peut les comprendre avec authenticitĂ©, c’est-Ă -dire avec la totalitĂ© de soi-mĂȘme rĂ©unie la tĂȘte qui pense, le cƓur qui ressent et le corps qui agit et montre. C’est cela, “ĂȘtre en relation d’aide”. Si, unifiĂ© en lui-mĂȘme, l’aidant parvient simplement Ă  faire sentir Ă  l’aidĂ© agressif qu’il est totalement en accord avec lui pour par exemple que, dans les circonstances prĂ©sentes, il ait agi comme il a agi et s’il lui montre qu’il est totalement en accord avec lui, c’est parce qu’il ne veut pas que cela dure et qu’il souhaite ramener la paix, alors, instantanĂ©ment, l’énergie d’agressivitĂ© de l’aidĂ© s’apaisera parce que, prĂ©parant la guerre et comptant sur la rĂ©sistance, il se retrouvera face au vide de l’absence d’adversaire. Un peu comme une flamme qui, subitement sans air, s’éteint. Si de plus, il parvient Ă  lui faire sentir qu’il comprend pourquoi il agit comme il agit, pourquoi il se montre comme il se montre, alors il permettra Ă  l’énergie de la personne agressive de s’écouler. L’attitude de rĂ©ponse comprend deux mouvements distincts Celui de l’acceptation inconditionnelle reconnaissance par l’aidant de ce que l’aidĂ© a Ă©tĂ©. Celui de la comprĂ©hension reconnaissance par l’aidant de la raison – valable pour l’aidĂ© – qui fait qu’il a Ă©tĂ© ce qu’il a Ă©tĂ©. Parfois, certains aidants en position d’insĂ©curitĂ© objecteront en souriant ironiquement “mais ne croyez-vous pas qu’il va en profiter ?” Ils confondent alors la comprĂ©hension de la raison de l’autre avec le laxisme ou la dĂ©mission, car comprendre l’autre n’est pas “ĂȘtre d’accord” avec lui; c’est une attitude qui demande Ă  l’aidant une participation active. Comprendre que cette personne ĂągĂ©e enfermĂ©e malgrĂ© elle depuis 6 mois dans une maison de retraite n’a pas, pour le moment, d’autre recours que de frapper Ă  coup de canne tous les soignants qui passent Ă  sa portĂ©e, n’empĂȘche Ă©videmment pas l’aidant de tout faire pour Ă©viter les coups ! Il sera toujours clair pour l’aidant que l’attitude violente de l’aidĂ© n’est pas juste et qu’elle est un manque de respect. C’est justement parce qu’il sait que cette attitude n’est pas juste qu’il ne la cautionne pas en rentrant dans son jeu et qu’il n’a pas la naĂŻvetĂ© de croire qu’en confrontant cette personne ĂągĂ©e Ă  la rĂ©alitĂ©, c’est-Ă -dire en lui mettant des limites, il parviendra Ă  faire cesser sa violence. Comprendre une attitude violente permet Ă  l’aidant de ne plus en avoir psychologiquement peur, donc l’aide notamment Ă  ne plus avoir besoin de porter sur elle des jugements nĂ©gatifs. Face Ă  la violence de l’aidĂ©, l’aidant a Ă  Ă©valuer la gravitĂ© de la situation et Ă  agir, pas Ă  la juger avec ses peurs. Dans la pratique, “imaginez que votre fils se rĂ©veille un matin et s’aperçoive qu’il est dĂ©jĂ  tard. Il dĂ©cide de rĂ©veiller sa petite sƓur, afin qu’elle ait le temps de prendre son petit dĂ©jeuner avant de se rendre Ă  l’école. Il se trouve qu’elle est de mauvaise humeur et qu’au lieu de lui dire “Merci de m’avoir rĂ©veillĂ©e”, elle dise “Tais-toi ! Laisse-moi tranquille !” et lui donne un coup. Il va probablement se fĂącher, pensant “Je l’ai gentiment rĂ©veillĂ©e. Pourquoi donc m’a-t-elle frappĂ© ?” Il aura peut-ĂȘtre envie de venir dans la cuisine vous en parler, ou mĂȘme de lui rendre son coup. Mais alors il se souvient que sa sƓur a beaucoup toussĂ© pendant la nuit et il se dit qu’elle doit ĂȘtre malade. Elle s’est peut-ĂȘtre comportĂ©e ainsi Ă  cause de cela. A ce moment prĂ©cis, il comprend et n’est plus fĂąchĂ© du N’étant plus fĂąchĂ© du tout, il peut la regarder avec un sourire bienveillant et se sentant regardĂ©e ainsi, sa petite sƓur, pourra sans doute se dĂ©tendre et mĂȘme s’excuser ! C’est en les comprenant que l’aidant peut soulager les souffrances de l’aidĂ© et permettre Ă  son agressivitĂ© de se mĂ©tamorphoser. C’est parce que cette personne ĂągĂ©e ne se sentira pas jugĂ©e mais comprise, qu’elle osera exprimer verbalement l’injustice qu’elle ressent d’avoir Ă©tĂ© mise en maison de retraite par ses enfants, sans son consentement, et qu’elle n’aura plus besoin de l’exprimer par des coups de canne. La maĂźtrise de soi reliĂ©e Ă  la comprĂ©hension de l’autre ne peut jamais trouver son fondement dans le “je dois le faire”, mais dans le “je sens que je peux le faire et que c’est juste ici et maintenant”. Pour conclure. Ainsi vous savez maintenant que le conflit n’entraĂźne pas nĂ©cessairement l’échec de la relation, tout dĂ©pend de la maniĂšre dont il est gĂ©rĂ©. Vous savez que dans le conflit, il est possible d’éviter les procĂšs d’intention et les invectives en diffĂ©renciant la personne de son acte. Vous avez compris que la peur de se “faire avoir” est l’obstacle qui nous empĂȘche de nous ouvrir Ă  l’autre, qu’il soit agressif ou mĂȘme violent. Vous avez compris qu’une communication vraie ne prĂ©suppose pas de dire Ă  l’autre ce que l’on pense de lui et ce qu’il devrait faire, mais demande au contraire que nous soyons ouvert Ă  lui et que nous le comprenions en le lui montrant, sans pour cela devoir nĂ©gliger ce que nous ressentons. Vous avez compris que de recourir Ă  la violence, c’est ne pas voir plus loin que le bout de son nez
 parce que l’histoire des relations humaines nous montre que la victime n’a de cesse de prendre sa revanche, Ă  moyen ou Ă  long terme et que seules l’écoute et la comprĂ©hension permettent Ă  un aidant d’aider tout en se prĂ©servant, en se prĂ©servant en particulier de juger. Car comme le disait AndrĂ© Malraux “Avant de juger, il faut comprendre et quand on a compris, on n’a plus envie de juger.” Notes 1 Archives de mĂ©decine pĂ©diatrique et de mĂ©decine de l’adolescent, Mai 2000. 2 CitĂ© par Boris Cyrulnik, “Un merveilleux malheur”, Éditions Odile Jacob, 2002, page 8. 3 Bulletin d’information de l’OMS No 241, Juin 2000. 4 Organisation mondiale de la santĂ©, Violence against women a priority health issue, Violence contre les femmes une question de santĂ© prioritaire 1997. 5 Source Évolution des suicides sur une longue pĂ©riode, Direction de la recherche des Ă©tudes, de l’évaluation et des statistiques, aoĂ»t 2002. 6 MacKay C 1994, Violence to health care professionals a health and safety perspective Violence contre les professionnels des soins de santĂ© une perspective soucieuse de santĂ© et de sĂ©curitĂ©. 7 Fiche d’information du CII Conseil International des InfirmiĂšres sur la violence, 1999. 8 “Si tu veux la paix, prĂ©pare la guerre”, formule de l’écrivain latin VĂ©gĂšce, auteur, Ă  la fin du IVĂšme siĂšcle aprĂšs JC, d’un TraitĂ© de l’art militaire. 9 Slogan de la loi du talion, loi selon laquelle la sentence est Ă©quivalente Ă  l’offense. En vigueur avec le code d’Hammourabi, roi de Babylone, 1792-1750 avant JC. Avant le Talion, il existait des lois primitives basĂ©es sur le principe de la vengeance personnelle. 10 Paul Vaillant-Couturier, journaliste et homme politique français, membre du PCF 1892-1937. 11 HĂ©raclite d’ÉphĂšse, philosophe prĂ©socratique grec 550-480 av. JC. 12 Voir mon article intitulĂ© “PrĂ©vention de la maltraitance douceurs et violences ordinaires en maison de retraite et en long sĂ©jour”. 13 Voir mon article intitulĂ© “Le risque du manager en Ă©tablissement de santĂ© ne pas savoir s’y prendre avec ses collaborateurs”. 14 Marie de Hennezel, “Le souci de l’autre”, Éditions Robert Laffont, 2004, page 112. 15 Eirick Prairat, “De l’insĂ©curitĂ© Ă  la maĂźtrise de soi”. L’action non-violente, guide thĂ©orique et pratique, Non-Violence ActualitĂ©. 1985. 16 Voir mon article intitulĂ© “Voir ses schĂ©mas Ă  l’Ɠuvre pour y renoncer”. 17 Voir l’exercice intitulĂ© “Apprendre Ă  se dĂ©tendre”. 18 Vous pourrez lire avec profit le livre de DĂŒrkheim, “Hara, centre vital de l’homme”, Éditions Le Courrier du Livre, 1989. 19 Itsuo Tsuda, “Le non-faire”, Éditions Le Courrier du livre, 1985. 20 Arnaud Desjardins, “Regards sages sur un monde fou”, Éditions La Table Ronde, 1997. 21 Thich Nhat Hanh, La sĂ©rĂ©nitĂ© de l’instant”, Éditions Dangles, 1992. © 2004 Renaud PERRONNET Tous droits rĂ©servĂ©s. ————– Moyennant une modeste participation aux frais de ce site, vous pouvez tĂ©lĂ©charger l’intĂ©gralitĂ© de cet article 15 pages au format PDF, en cliquant sur ce bouton —————- Pour aller plus loin, vous pouvez lire sur ce site Pourquoi un travail thĂ©rapeutique ? Vous pouvez Ă©galement tĂ©lĂ©charger les fiches pratiques inĂ©dites Comment s’y prendre pour faire une critique Ă  l’autre ? 14 points pour rĂ©gler ses conflits sans se perdre Comment s’y prendre avec un aidĂ© agressif ? La ligne de conduite de l’écoute ÉVOLUTE Conseil est un cabinet d’accompagnement psychothĂ©rapeutique et un site internet interactif de plus de 8 000 partages avec mes rĂ©ponses. Avertissement aux lectrices et aux lecteurs Il est possible que les idĂ©es Ă©mises dans ces articles vous apparaissent osĂ©es ou dĂ©concertantes. Le travail de connaissance de soi devant passer par votre propre expĂ©rience, je ne vous invite pas Ă  croire ces idĂ©es parce qu’elles sont Ă©crites, mais Ă  vĂ©rifier par vous-mĂȘme si ce qui est Ă©crit et que peut-ĂȘtre vous dĂ©couvrez est vrai ou non pour vous, afin de vous permettre d’en tirer vos propres conclusions et peut-ĂȘtre de vous en servir pour mettre en doute certaines de vos anciennes certitudes. Cliquez ici pour en savoir plus sur qui je suis Cliquez ici pour en savoir plus sur Évolute Conseil personne se dĂ©veloppe au fur et Ă  mesure de ses expĂ©riences, au-delĂ  de l'apprentissage. A travers votre sĂ©ance de formation, vous allez faire vivre une expĂ©rience constructive Ă  chaque dans ce chapitre comment l'animation peut transformer votre sĂ©ance en formation le concept d'identitĂ© professionnelleUn adulte qui arrive dans votre formation n'est pas vierge de tout apprentissage. Au cours de son parcours professionnel et des expĂ©riences traversĂ©es, Il a dĂ©veloppĂ© Ă  sa façon des savoirs et des compĂ©tences qui constituent son identitĂ© peut aussi dire que votre apprenant est “compĂ©tent”. C’est-Ă -dire qu'il est capable de gĂ©rer une famille de situations similaires, pas forcĂ©ment toutes, mais la façon dont vous ĂȘtes compĂ©tent, votre savoir, est personnel, c’est un marqueur de votre identitĂ© professionnelle. Consciente ou inconsciente, cette façon d'ĂȘtre compĂ©tent est spĂ©cifique Ă  chacun, et probablement partielle elle comporte un "savoir-agir", mais Ă©galement des prĂ©conceptions ou des la situation initiale de chaque participant chacun ne part pas de zĂ©ro, et possĂšde encore une marge de formation expĂ©rientielle se base donc sur l'identitĂ© professionnelle de chacun en partant du niveau initial de chacun ;pour rendre plus comment on apprendMoi, le 11 septembre 2001, j’étais aux Houches, participant Ă  une Ă©cole de physique destinĂ©e Ă  certains jeunes chercheurs dans le cadre de ma thĂšse. J’ai passĂ© ma journĂ©e devant la tĂ©lĂ©vision, entourĂ© de mes camarades, alors qu’il faisait trĂšs beau. Et vous ?Et le 6 mars 2007, que faisiez-vous ? Dur Ă  dire, n'est-ce pas ? Et pourtant votre mĂ©moire a classĂ© quelque part ce 6 mars sciences cognitives le prouvent, l’émotion est un facteur d’apprentissage. En situation professionnelle, ces Ă©motions sont prĂ©sentes dans les expĂ©riences constructives positives comme nĂ©gatives que chacun a traversĂ© lors de son parcours psychologue Jean Piaget nous le dit, “la connaissance procĂšde de l’action”. Il semble bien que seuls les apprentissages qui “font expĂ©rience” contiennent un potentiel de dĂ©veloppement. L'expĂ©rience dĂ©stabilisatrice de la surprise, de l’écart aux reprĂ©sentations initiales identifiĂ©es, est ce qu'on appelle le conflit cognitif. Si la situation permet de dĂ©passer le conflit, la personne est amenĂ©e Ă  se former Ă  des reprĂ©sentations nouvelles, et ainsi dĂ©velopper son identitĂ©. C'est cela le conflit sociocognitifVoilĂ  une situation trĂšs courante en apprenant s'investit avec ardeur, puis son travail est critiquĂ© de façon constructive par le formateur, mais son visage se tout cas, il y a conflit cognitif. Et celui-ci est d'autant plus fort qu'il s'inscrit dans une interaction, c’est-Ă -dire que le point de vue alternatif est dĂ©fendu par une autre personne, en l’occurrence le formateur ou les pairs. On appelle cela le conflit bien, je comprends ce qu'est le conflit socio-cognitif. Mais est-ce que cela permet d'apprendre ?Et bien cela dĂ©pend du feedback apportĂ© le danger rĂ©side dans le fait que la confrontation peut aussi engendrer des blocages plutĂŽt que de l' comment l'interaction peut-elle ĂȘtre source d'apprentissage ?La confrontation permet une prise de conscience des autres points de discussion peut fournir de nouvelles informations volontĂ© ou la nĂ©cessitĂ© de trouver un accord favorise un engagement cognitif actif. Les points de vue divergents deviennent une ressource pour construire une nouvelle reprĂ©sentation plus comment l'interaction peut-elle ĂȘtre source de blocages ?lorsque l'asymĂ©trie entre les personnes est forte ;lorsque la confiance n'a pas Ă©tĂ© Il est important de faire en sorte que le dĂ©placement cognitif ne soit pas qu’interne, afin de le rendre transfĂ©rable Ă  une situation de travail aprĂšs la formation. Les situations de formation vont donc intĂ©grer des situations des situations rĂ©ellesPour donner du sens aux situations de formation et favoriser le transfert, il est impĂ©ratif que ces situations soient proches de la rĂ©alitĂ© mĂ©tiers des la phase de diagnostic, au dĂ©but de la formation, sourcez des situations apportĂ©es par les apprenants et les problĂšmes qu’elles comportent pour les faire analyser par le situations choisies peuvent aussi ĂȘtre dĂ©finies de façon Ă  rĂ©pondre au mieux aux besoins du commanditaire de la rendre l'expĂ©rience encore plus enrichissante pour chaque apprenant, vous allez vous appuyer sur les phĂ©nomĂšnes de groupe. Rendez-vous au chapitre suivant. Le fantasme de l'infirmiĂšre perdure... au grand dam de celle-ci, peu formĂ©e Ă  gĂ©rer les manifestations dĂ©bordantes de la sexualitĂ© de leurs patients. C'est la conclusion d'une Ă©tude menĂ©e en janvier 2013 par Alain Giami, directeur de recherche Ă  l'Inserm. Comment rĂ©agir lorsque la sexualitĂ© des patients s'exprime ? Cette question, les infirmiĂšres y sont rĂ©guliĂšrement confrontĂ©es lorsque des soins intimes entraĂźnent d'inĂ©vitables rĂ©actions sexuelles ou que certains patients dĂ©passent les bornes de la pudeur. Et elle a Ă©tĂ© l'objet de l'Ă©tude menĂ©e entre 2007 et 2008 sur 64 infirmiĂšres et soignants travaillant dans des services de cancĂ©rologie, et intitulĂ©e "La place de la sexualitĂ© dans le travail infirmier", l'Ă©rotisation de la relation de soins et publiĂ©e en janvier 2013 dans la revue Sociologie du travail. La figure de l'infirmiĂšre demeure ambivalente, Ă  la fois image emblĂ©matique du dĂ©vouement mais Ă©galement fantasme sexuel largement relayĂ© par la pornographie. Ce dernier point a longtemps freinĂ© l'implication de cette profession dans la mĂ©decine sexuelle, parce qu'elle ne souhaitait pas prĂȘter le flanc aux idĂ©es reçues. Mais aujourd'hui, les infirmiĂšres tentent d’inclure la sexualitĂ© dans leurs pratiques, en dĂ©pit de rĂ©sistances d'ordre professionnel ou parfois personnel. Alain Giami, devant le peu d'Ă©tudes existantes, a souhaitĂ© approfondir les connaissances en la matiĂšre. Ses investigations psychosociologiques ont permis d'Ă©tudier en quoi consistait la "sexualitĂ©" des patients dans le cadre des soins et comment les infirmiĂšres s'en arrangeaient. Un premier paradoxe se dĂ©gage de l'analyse des entretiens que les chercheurs ont eus avec les 64 infirmiĂšres. Si elles dĂ©crivent globalement la sexualitĂ© comme positive et importante pour la qualitĂ© de vie, la sexualitĂ© devient parfois problĂ©matique dans le cadre professionnel. "La sexualitĂ© devient taboue, interdite, dĂ©placĂ©e voire obscĂšne, rendant la communication difïŹcile entre patients et soignants", commente Alain Giami dans l'Ă©tude. Elle peut alors entraver les soins prodiguĂ©s. Quand la sexualitĂ© crĂ©e la connivence Certaines infirmiĂšres dĂ©crivent des contextes oĂč l'Ă©rotisation crĂ©e une complicitĂ© elles Ă©voquent des compliments, comme "ah, il n'y a que des top models dans l'Ă©quipe", des mots qui dĂ©tendent et qui font sourire... L'intimitĂ© physique qui se noue lorsqu'elles lavent leurs patients est rendue plus facile par cette connivence qui peut aller jusqu'Ă  des marques de tendresse, notamment avec les patients jeunes ou ĂągĂ©s. C'est finalement le ressenti qui est essentiel "le sexuel reste ce qui est considĂ©rĂ© comme sexuel par les acteurs de la situation". Et la dĂ©sexualisation des actes s'acquiert avec l'expĂ©rience, autorisant une plus grande proximitĂ© avec le patient. L'Ă©rotisation considĂ©rĂ©e de cette maniĂšre facilite la relation, allĂšge la charge de travail et donne une part d'humanitĂ© supplĂ©mentaire Ă  cette relation de soins. A la condition que certaines limites ne soient pas franchies et que la soignante conserve un recul professionnel. MĂ©dicalisation ou humour pour banaliser l'Ă©rection Autre situation potentiellement plus gĂȘnante la survenue d'une Ă©rection lors des soins. Elle est excusĂ©e lorsqu'elle est involontaire ou accidentelle. Une infirmiĂšre cite ainsi une Ă©rection rĂ©flexe lors de la pose d'un Ă©tui pĂ©nien pour rĂ©cupĂ©rer les urines, qu'elle avait excusĂ©e d'un sourire et d'un commentaire "ne vous inquiĂ©tez pas, prenez votre temps". Le fait de replacer la survenue de ce rĂ©flexe sexuel lui ĂŽte sa valeur Ă©rotique et le banalise. L'humour apporte une aide non nĂ©gligeable "C'est dĂ©jĂ  arrivĂ©, quand vous faites un rasage, qu'un homme ait une Ă©rection
 Cela passe avec un truc "con" il est en forme aujourd'hui !", raconte ainsi une infirmiĂšre. Certains patients psychiatriques ont des dĂ©lires Ă©rotiques et des patients souffrant de maladie d'Alzheimer ou de cancers cĂ©rĂ©braux les dĂ©sinhibant peuvent avoir des mains baladeuses ou des propos dĂ©placĂ©s. Ces incidents sont pardonnĂ©s dĂšs lorsqu'ils sont replacĂ©s dans le contexte mĂ©dical. RĂ©agir aux situations humiliantes Le harcĂšlement sexuel n'a rien Ă  voir avec un dĂ©rapage. Il est impossible pour les infirmiĂšres d'excuser des gestes ou des mots s'ils ne sont pas volontaires ou expliquĂ©s par la maladie. "Il apparaĂźt une Ă©quivalence entre Ă©rotisation involontaire/excusable et sexualisation volontaire/condamnable", expliquent les auteurs de l’étude. Par exemple, certains patients, quasi exclusivement des hommes, restent volontairement nus sur leur lit, dans leur chambre voire dans les couloirs hospitaliers. D'autres se masturbent, dans leur lit ou au cours d'un soin. Une infirmiĂšre prend l'exemple d'un patient, surnommĂ© le "gros cochon" "Il s'est carrĂ©ment branlĂ© quand une collĂšgue lui massait le dos... Plus personne ne voulait rentrer dans la chambre !". "Ces deux types de conduite exhibitionnisme et masturbation en public sont considĂ©rĂ©s comme des dĂ©viations au regard des scenarios culturels de la sexualitĂ© normale", analyse Alain Giami. Et la perversion n'est pas explicable par une maladie. Les avances insistantes, les blagues vulgaires, les gestes dĂ©placĂ©s et les demandes de service sexuel masturbation ou fellation heurtent Ă©galement les infirmiĂšres. "Quand j'Ă©tais Ă©tudiante, il y en a un qui m'a carrĂ©ment demandĂ© de lui faire une petite gĂąterie", illustre une infirmiĂšre. Une autre raconte qu'un de ses patients "pervers pĂ©pĂšres" regardait un film porno durant les soins. Des situations vĂ©cues pĂ©niblement ou avec humiliation
 auxquelles elles ne sont pas prĂ©parĂ©es. Elles cherchent toutefois Ă  mieux les comprendre et Ă  trouver leurs raisons d'ĂȘtre, comme le symptĂŽme d'un manque, par le fait que ces malades veulent se prouver qu'ils sont encore des hommes malgrĂ© le cancer, qu'ils se prouvent qu'ils sont encore sĂ©duisants ou qu’'ils masquent ainsi leurs angoisses. Pour faire face Ă  ces situations, les infirmiĂšres tentent de rester ni trop Ă©loignĂ©es afin de rester empathiques et attentives aux besoins du patient, ni trop proches pour rester maĂźtresses de leurs Ă©motions. Elles adoptent Ă©galement certaines rĂšgles ne pas porter de tenues provocantes, utiliser des gants pour tout contact intime, porter un regard clinique sur le corps du patient, ne jamais parler de soi ou de sa vie privĂ©e, "recadrer" le patient s'il dĂ©rape en lui rappelant la place de chacun dans la relation de soin, l'Ă©viter ou passer moins de temps avec lui, ne pas faire de soin seule, discuter des situations posant problĂšme avec l'Ă©quipe. "Les infirmiĂšres manquent de formation sur les questions de sexualitĂ© qui apparaissent dans la relation de soins", concluent les auteurs. Si certaines situations peuvent faciliter la relation et les soins, d'autres plus gĂȘnantes demanderaient des recommandations professionnelles qui font Ă  l'heure actuelle dĂ©faut. Pour ne manquer aucune info santĂ©, abonnez-vous Ă  notre newsletter ! PlanĂšte Coronavirus et pandĂ©mie de Covid-19 Infirmiers ou aide-soignante, pour eux, la crise sanitaire liĂ©e Ă  l’épidĂ©mie de Covid-19 a constituĂ© la goutte d’eau ils ont dĂ©cidĂ© de se reconvertir, plus ou moins loin de leur vocation. Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s C’est seulement la goutte d’eau, mais ce n’est pas la raison profonde. Au dĂ©but du mois de novembre, en pleine deuxiĂšme vague de l’épidĂ©mie de Covid-19, Thomas Laurent a quittĂ© l’hĂŽpital. La dĂ©cision, cet infirmier lyonnais aux Hospices civils de Lyon, diplĂŽmĂ© depuis 2010, l’a prise durant l’étĂ©, au sortir de la premiĂšre vague, qu’il a vĂ©cue Ă  l’hĂŽpital Edouard-Herriot. C’en est fini, l’homme de 35 ans s’engage dans une nouvelle voie ce sera libraire, avec une formation qu’il doit rejoindre en janvier. Il espĂšre faire d’ici lĂ  encore quelques vacations comme infirmier. Si le soignant lĂšve les voiles – en se mettant en disponibilitĂ© –, c’est qu’il ne supporte plus » de travailler dans des situations de sous-effectifs. Lire aussi Article rĂ©servĂ© Ă  nos abonnĂ©s Covid-19 la majoritĂ© des hĂŽpitaux français en quĂȘte de soignants Ce n’est pas le Covid en soi, explique-t-il, c’est l’absence de rĂ©ponse derriĂšre on s’est dit que la crise du Covid avait portĂ© aux nues des problĂ©matiques que l’on pose depuis des annĂ©es, mais lĂ , on n’a plus d’espoir d’amĂ©lioration immĂ©diate, on ne veut pas mourir au travail, ça ne vaut pas le coup. » Il a travaillĂ© ces derniers mois en post-urgences, puis en gĂ©riatrie. Cet Ă©tĂ©, un jour sur deux, on Ă©tait en sous-effectif, c’était un mĂ©decin qui manquait tel jour, un aide-soignant, une infirmiĂšre
 On voit bien qu’on ne peut pas travailler correctement, on ne fait que limiter la casse. » D’aprĂšs certains indicateurs, cette fuite » des soignants de l’hĂŽpital public apparaĂźt limitĂ©e – une enquĂȘte de la FĂ©dĂ©ration hospitaliĂšre de France FHF, menĂ©e auprĂšs de 300 Ă©tablissements Ă  la fin septembre, et rendue publique le 10 novembre, recensait quelque 12 200 dĂ©parts dĂ©missions, retraites, fins de contrat d’infirmiers et d’aides-soignants, soit une lĂ©gĂšre hausse », Ă©valuait-elle. Ces dĂ©parts constituent nĂ©anmoins, Ă  Ă©couter les reprĂ©sentants syndicaux ou certains mĂ©decins, un phĂ©nomĂšne qui se poursuit, voire s’aggrave. C’est d’abord la dĂ©ception de l’aprĂšs-SĂ©gur » que raconte Thomas Laurent, soit ce plan pour l’hĂŽpital de 8 milliards d’euros annoncĂ© aprĂšs la crise sanitaire en juillet, par le ministre de la santĂ©, Olivier VĂ©ran. On a bien compris qu’il ne comptait pas remettre vĂ©ritablement du monde Ă  l’hĂŽpital. » Le soignant en est plus que jamais convaincu, au regard du budget 2021, qui parle encore de retour Ă  l’équilibre et d’économies », dit-il. Il n’empĂȘche, l’infirmier compte rester mobilisĂ© dans le collectif auquel il appartient, le Collectif inter-hĂŽpitaux, en passant du cĂŽtĂ© usager » Moi, je suis Ă©cƓurĂ©, mais sans l’hĂŽpital public, il n’y a pas d’avenir. » Il vous reste de cet article Ă  lire. La suite est rĂ©servĂ©e aux abonnĂ©s. Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă  la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă  la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă  consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez Ă  lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connectĂ© avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant Ă  des moments diffĂ©rents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

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